
Chaque nouveau produit d’Apple suscite un engouement considérable des férus de technologies. Chantre de la « hype » et de la création, Steve Jobs mène le monde du high-tech à la baguette en créant perpétuellement de nouveaux besoins en la matière. Mais pourquoi est-il si fort ?
C’était l’événement technologique de la semaine dernière, le lancement de l’iPad2 par Steve Jobs « himself ». Plus léger, plus performant, plus rapide etc. tout a déjà été écrit sur la nouvelle tablette de la marque à la pomme, à la faveur d’une large campagne de communication alimentée par des mois d’attente et de rumeurs en tout genre.
L’attente. C’est le maître mot dans une campagne de lancement d’un nouveau produit Apple. Le schéma est toujours le même : faire fuiter quelques informations puis attendre, laissez faire les internautes, laisser monter le buzz. Cette attente suscite à chaque fois l’envie, la curiosité, les fantasmes, les rumeurs et surtout l’impatience chez des millions d’aficionados. Quand la mayonnaise semble bien montée, alors Saint-Apple communique, souvent de façon laconique. On avance alors une date clef et on lance les cartons d’invitation.
“Pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ?”
Une mécanique si bien rodée que la moindre petite mise à jour d’un produit à la pomme fait l’effet d’un mini événement. L’actualisation des OS de l’iPhone en sont le parfait exemple. Une logique perpétuelle d’innovation puis d’actualisation d’un nouvel outil à la lumière des défauts du précédent. Une entreprise presque machiavélique de « ringardisation » de tout ce qui est remplacé ou amélioré.
La révolution d’aujourd’hui deviendra vite un objet obsolète quelques années voir même quelques mois plus tard. Cette logique est propre au marché du high-tech bien sûr, mais chez Apple elle parait presque être à l’essence même de la conception de ses produits.
Plus de mises à jour pour certains iPhones
Pour preuve, la marque vient d’annoncer qu’elle arrêterait les mises à jour pour les iPhone inférieurs à la version 3Gs et les iPod Touch 2G. Le nouvel iOS 4.3 attendu le 11 mars prochain ne sera donc pas disponible sur ces appareils, vieux de moins de trois ans. Une politique qui relance par la même occasion la question propre à la stratégie commerciale des mises à jours.
Car à chaque lancement et pour chaque objet, on se pose une simple question : « Pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? ». Une interrogation qui peut paraître candide voir même simpliste, mais cette question tout le monde se la pose. Dès le lancement des premiers iPod, du premier iPhone mais surtout de l’iPad, les questions et les critiques pleuvaient. Pourquoi n’y avait-il pas de flash sur l’iPhone ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas exporter la musique de mon iPod sur un PC ? Pourquoi n’y a-t-il pas de caméra sur l’iPad ? Pourquoi ne peut-on pas téléphoner avec l’iPad ? En se référant aux suggestions Google, on pourrait sans doute dresser une liste de plusieurs dizaines d’interrogations du même genre.
Du show, du show, du show
Pourtant, chaque nouveauté se place comme un hit des ventes mais surtout comme un standard de « hype ». C’est bien sur la mode et ses effets d’imitation qu’Apple joue ses meilleures cartes. Un succès du en grande partie à son gourou Steve Jobs. Comme un symbole, malgré ses problèmes de santé, c’est lui-même qui s’est chargé d’annoncer la sortie de l’iPad2. Du pathos, de la mise en scène et une touche de sublime pour lancer la nouvelle version d’une tablette électronique. Un nouveau gadget à la fois désirable, inutile et indispensable présenté comme une révolution d’un genre déjà saturé de projets du même type.
Une fois encore, on se pose une multitude de questions sur le nouvel objet et sur ses capacités. Cependant, devant ces nouveautés technologiques, on oublie sans doute parfois de se poser une question bête et presque primaire : « Au fond, à quoi ça sert ? ». Une interrogation qui pourrait relativiser la plupart de nos achats.
Mais en acceptant le jeu d’Apple et son culte du désirable, en intériorisant l’envie et le besoin de combler des manques artificiels de technologie…. il est difficile parfois d’intellectualiser un achat en se questionnant sur son utilité réelle. « Ça ne sert à rien et c’est pour ça que c’est super… » aurait pu écrire un Paul Eluard 2.0.
Martin Médias pour Geeko
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